jeudi 29 octobre 2009

Le tatoueur de ciel

Derrière le regard hypnotique qui ouvre cet album, se raconte une histoire sur le pouvoir et la pire façon de l’exercer. Nabo, fils de sultan, profite de l’absence de son père, parti guerroyer au loin, pour user de sa puissance auprès de son ministre et de ses serviteurs. Or, rien n’est jamais assez démesuré pour nourrir l’ego de ce prince, déterminé à devenir le plus grand de tous les souverains. Il faudra le retour du papa sultan pour remettre les pieds sur terre au sale gosse et lui donner une bonne vieille leçon de bon sens et de justice. La réédition de ce conte, publié la première fois en 2003, tombe à pic en ces temps obscurs où d’autres Nabo junior nourrissent des ambitions plus hautes qu’eux…

Le tatoueur de ciel, de Hubert Ben Kemoun, illustré par David Sala, Casterman, 13,95€.

mardi 27 octobre 2009

Panique au village

On dirait qu’on serait à la campagne et qu’il y aurait Cheval, Indien et Cowboy, et aussi leurs voisins, le fermier Steven, sa femme Janine... On dirait que Cowboy et Indien voudraient offrir un barbecue fait main à Cheval pour son anniversaire. Ils commanderaient des briques sur Internet. Mais comme ils ne sont pas très malins, ils se tromperaient dans la commande et on leur livrerait un milliard de briques ! Et alors, il y aurait plein de catastrophes, les héros se retrouveraient sur les ailes d’un pingouin géant commandé par des savants fous, puis après ils seraient prisonniers des Atlantes, et puis ils feraient une grande fête, et puis, et puis, et puis...
A la manière des enfants, lorsqu’ils s’inventent des histoires, Stéphane Aubier et Vincent Patar signent (comme d’habitude) une œuvre burlesque, loufoque, cartoonesque, poétique et terriblement absurde…
Le film met en scène de vieilles figurines en plastique. Ces indiens, cowboys et autres animaux de la ferme qui se sont fait piquer la vedette par les dinosaures et autres personnages de manga. Cela donne un petit côté figé et désuet qui tranche délicieusement avec les répliques absurdes, l’ambiance rock’n roll et les voix des personnages. Je retiens notamment les éructations de Benoit Poelvoorde dans le rôle du fermier et les susurrations langoureuses et sexy en diable de la jument, interprétée par Jeanne Balibar.
Les adultes responsables retrouveront avec délectation le plaisir du jeu, poussé au delà des limites du raisonnable. Les enfants, eux, trouveront ça sans doute assez normal, mais tout aussi réjouissant.
Bon, en gros, pour faire court : allez-y !

Panique au village, un film de Vincent Patar et Stéphane Aubier, sortie en salle le 28 octobre.

Deux livres sortent en même temps que le film :

Un album, écrit par Stéphane Malandrin, qui raconte l’histoire du film, tout en gardant un joyeux décalage et en ajoutant quelques gags entre les pages (c’est plus fort qu’eux, ces gars-là, ne sont pas sérieux).


Panique au village, album de Stéphane Malandrin, éditions Hélium, 13,90€.


et aussi :
Une BD, signée par les auteurs, à partir de scénarios originaux et donc inédits.

Panique au village, BD de Aubier, Patar et Tavier, éditions Dupuis.

mercredi 21 octobre 2009

4, 5, 6 Mélie pain d’épice

Décidément, le distributeur Folimage prend soin de nos petits. Ses programmes de courts-métrages pour enfants sont souvent plein de surprises et d’audace. 4, 5, 6 Mélie pain d’épice en est une nouvelle démonstration, avec quatre petits films tendres, drôles ou poétiques, aux images et aux graphismes innovants. J'ai bien quelques réserves sur le dernier de cette sélection, Le printemps de Mélie, dont j'ai trouvé l'intrigue longue et pas super convaincante, mais rien de déshonorant après tout, à côté de certaines catastrophes diffusées pour les enfants.
(Pour ceux qui aiment les comptes justes, cette sélection fait suite à 1,2,3 Léon, sortie l’année dernière.)

Au programme :
La leçon de natation, de Danny de Vent, Tôt ou tard, de Jadwiga Kowalska, Le joyeux petit canard, de Gili Dolev et Le printemps de Mélie, de Pierre-Luc Granjon.

4, 5, 6 Mélie pain d’épice, en salle le 21 octobre 2009.

Lucky Luke

Le mieux serait peut-être de ne même pas en parler, et laisser la grande famille médiacratique se répandre en longs bavardages sur le sujet. Mais quand même, je tenais à vous dire le fond de ma pensée : Lucky Luke, avec Jean Dujardin et toute sa clique, ne vaut pas le ticket de métro ou les millilitres d’essence nécessaires pour se rendre au cinéma. Et si le cinéma est en bas de chez vous, allez plutôt voir 4,5,6, Mélie pain d’épice. (Pour les autres, matez-vous un bon western en DVD).

Tiens, pour la peine, je ne m'enquiquine même pas à aller chercher une image.

lundi 19 octobre 2009

Introduction à la littérature de jeunesse

Un jeune homme me demandait tout récemment ce qu’on pouvait bien écrire dans un livre jeunesse, à part « le canard barbote dans la mare ». Il ne faut pas lui en vouloir, le jeune homme en question n’a pas d’enfant et n’a donc certainement plus ouvert de livre jeunesse depuis une trentaine d’années, et il est probablement amnésique (ou descendu direct du Neandertal, c’est une autre possibilité). J’ai néanmoins trouvé comment répondre avec précision à ce jeune homme, en seulement 240 pages, avec cet ouvrage universitaire fort bien documenté : Introduction à la littérature de jeunesse.
Professeure à l’université de Rennes II, l’auteure y décortique avec soin ce domaine littéraire, depuis sa dénomination, jusqu’à sa raison d’être, en passant par son histoire, ou ses contenus spécifiques.
Elle explique pourquoi, trop souvent assimilée aux livres d’éducation du début du XIXe siècle, cette littérature est parfois mal considérée des « adultes lettrés », alors qu’elle est en bien des points comparable à la Grande et Illustre Littérature générale pour les grands.
Une lecture qui rassurera les adultes de mon espèce qui adorent lire des bouquins pour enfants, même quand ils n'y sont pas obligés.

Introduction à la littérature de jeunesse, d’Isabelle Nières-Chevrel, collection Passeurs d’histoires, Didier jeunesse, 22,50€.

vendredi 16 octobre 2009

Fête du cinéma d'animation

Graineux, Graineuses, apprenez que la 8ème Fête du cinéma d'animation débute aujourd’hui sur le territoire français. Cela signifie que jusqu’au 31 octobre, des projections vont fleurir un peu partout, des réalisateurs vont venir causer avec leur public, des ateliers et des ciné-concerts vont se tenir de ci de là… Et naturellement, rien que de la bonne came à se mettre sous les yeux.
Je ne vous cacherai pas que le 28 octobre, la fête dépasse nos frontières, puisque ce sera la Journée mondiale du cinéma d’animation, véritable point d’orgue de la manifestation (ou le pompon, si vous préférez).
Et puisque nous sommes un blog culturel très informé (par le dossier de presse), c'est naturellement l'occasion de rappeler à quel point ce genre cinématographique (né en France, pardi) est en plein boom, particulièrement créatif, et qu’il suscite un véritable engouement auprès du public (parmi les 10 plus gros succès en salle de ces deux dernières années, 4 sont des films d'animation). Et la France peut se targuer d’être particulièrement dynamique dans ce domaine : 1er producteur en Europe et 3e dans le monde. Le studio Folimage n’y est pas pour rien. Ce précieux laboratoire d’animation, qui a entre autres donné vie à La prophétie des grenouilles et à Mia et le Migou, est installé dans la Drôme depuis bientôt 20 ans, et c'est justement l'invité d'honneur de cette fête. Ça se tient, non ?

Fête du cinéma d'animation, du 16 au 31 octobre, dans 400 lieux en France.

Le programme détaillé :
http://www.afca.asso.fr/spip.php?rubrique213
Le blog de l’événement :
http://afcafete.blogspot.com/

jeudi 15 octobre 2009

Kirikou et Karaba


Il y a plusieurs raisons d’emmener vos minots voir la comédie musicale Kirikou & Karaba sur scène...
  • Parce que la philosophie de l’histoire de Michel Ocelot supporte aisément le rabâchage, me semble-t-il.
  • Parce qu’il ne s’agit pas d’une plate adaptation, ou d’une nouvelle opération « je surfe sur la vague », mais bel et bien d’une création. Ocelot et son équipe exploitent merveilleusement le potentiel qu’offre une scène de théâtre : ombres chinoises, marionnette, décors, lumière, effets de matières… Le tout sobrement, sans gros artifices ni grands effets de machineries. Kirikou est ainsi une marionnette animée par trois manipulateurs qui, bien que visibles du public, s’intègrent parfaitement au spectacle.
  • Ah oui, et aussi parce que la chorégraphie et la musique sont remarquables.

Créé il y a deux ans au Casino de Paris, le spectacle est en tournée en France jusqu’à la fin de l’année.

Les dates :
Le 18 octobre à Levallois Perret, le 20 octobre à Saint Cyr, le 24 octobre au Palais des Congrès de Lyon.
Les 28, 29 et 30 octobre à Paris, au Palais des Congrès.
Les 13,14, 15 novembre à Blagnac.
Et ça continue :
18 novembre à Tours, 28 novembre à Longjumeau, 1er Décembre à Aulnay, 4 décembre à Poissy, 5 décembre à Taverny, 8 et 9 décembre à Voiron, 11 décembre à Issy-les-Moulineaux, 13 décembre à Troyes, 22 décembre à Roubaix…

Le site : http://www.kirikou-et-karaba.com/

jeudi 8 octobre 2009

Le monde de Lenny

Voilà un livre qui m’a touchée*. Bâti autour d’un personnage atypique et attachant, il raconte quelques mois de la vie de Lenny, 9 ans, un gamin que d’aucun considérerait comme hyperactif, inadapté, surdoué ou pénible, mais qui n’est finalement qu’un petit d’Homme observant, écoutant, ressentant le monde autour de lui avec acuité, lucidité et intelligence.
Dans ce roman, les dialogues prennent beaucoup de place, les choses dites signifient souvent plus qu’elles ne paraissent. Qu’on y parle de solitude, d’abandon, d’amitié, de maladie ou de la mort, l’humour et l’émotion affleurent discrètement à chaque page.
Une lecture facile, pleine de vitamines, de protéines et d’oligoéléments nécessaires à la vie. Je trouve d’ailleurs la formule de l’éditeur très juste : « Le monde de Lenny est un roman joyeux qui vous serre le cœur. »

Le monde de Lenny, un roman de Kate Banks, éditions Thierry Magnier, 8,80€.
* doux euphémisme pour parler des deux litres de larmes que j’ai versées à la fin de ma lecture.

lundi 5 octobre 2009

Déesses des elfes sur le trottoir

Quand l’enfant remarque sur le trottoir une femme grise assise par terre, il commence à s’interroger. Pourquoi lui donne-t-on des pièces ? Que fait-elle là ? Est-ce qu’elle a peur la nuit ? Et s’il lui donnait un doudou ? Autant de questions que les adultes autour de lui vont tenter d’éclairer. Un texte fort et beau, qui aborde à hauteur d’enfant le sujet des sans-abris.

Déesses des elfes sur le trottoir, de Léna Elka et Fabienne Loodts, Zoom éditions, 14€.

jeudi 1 octobre 2009

Sophie Dieuaide

Je dois vous avouer que je fais partie du fan club secret de Sophie Dieuaide. Et je m’y suis inscrite bien avant de lire la moindre ligne de cette auteure, tant j’aime le personnage. Aussi, quand je découvre le personnage – imaginaire, lui – de Chloé, gamine au caractère bien trempé, au tempérament fougueux, prête à en découdre avec tous les vilains de la terre, je ne peux m’empêcher d’entendre en écho la verve de son auteure, et de rire à son humour cinglant et pince sans rire.
Le rire n’étant pas ce qu’on trouve de plus courant dans les romans pour jeunes lecteurs, Sophie Dieuaide fait un tabac avec ses petits romans comiques, et enchaîne ces derniers temps les séries.


Les enquêtes de Chloé, est l’une d’entre elles, qui revisite avec humour les figures traditionnelles de l’enquête policière. Le sixième titre de la série, C’est sombre une forêt la nuit… se passe ainsi dans une colo au milieu des bois, vous savez quand on se raconte des histoires atroces le soir au coin du feu, pour se faire peur…




La vie héroïque d’Antoine Lebic est une autre série, qui raconte, elle, les tribulations du charmant petit Antoine, gamin charismatique ne reculant devant rien. Dans Le scoop du siècle, il découvre les joies et les pièges du journalisme d’investigation.
Et pour vous dire à quel point cet Antoine vaut le détour, voyez ce qu’écrit son auteure à son sujet :
« Parmi mes personnages, Antoine Lebic est tout près d’être mon préféré. Extraverti, joyeux, égocentrique, un rien menteur et d’une mauvaise foi chronique… je n’ai jamais inventé un héros qui me ressemble autant ! » S.D.



C’est sombre une forêt la nuit…, les enquêtes de Chloé, un roman de Sophie Dieuaide, illustré par Alberto Pagliaro, Casterman Cadet. Conseillé à partir de 8 ans.

Le scoop du siècle, La vie héroïque d’Antoine Lebic, roman de Sophie Dieuaide, illustré par Jacques Azam, Casterman Cadet. Conseillé à partir de 8 ans.

Le site de Sophie Dieuaide: http://www.sophie-dieuaide.com/