RESISTER, c’est le thème de la fête du livre jeunesse de Villeurbanne. C’est du 5 au 9 mai. Et c’est à … Villeurbanne, pardi !
Et si vous habitez Biarritz, ou Bastia, et que vous hésitez encore un peu à traverser la France, lisez donc cette interview que m’a généreusement accordée Gérard Picot, le directeur et fondateur de cette fête… (interview publiée dans le non moins résistant magazine Témoignage Chrétien)
Passionné et enthousiaste, Gérard Picot est le fondateur de l’autoproclamée « géniale » Fête du livre jeunesse de Villeurbanne. Avec cette onzième édition, sur le thème Résister, il met en avant une littérature engagée, s’adressant à tous les âges, et la porte au cœur de la cité.
Vous précisez bien qu’il s’agit d’une « fête du livre » et non d’un salon…
GERARD PICOT : C’est tout sauf de l’événementiel. Cette fête est devenue incontournable dans le paysage associatif et scolaire de la ville. C’est le résultat d’un travail d’un an. Une centaine de projets sont organisés en amont, dans des structures classiques – écoles, lycées – mais aussi dans les maisons d’arrêt, les hôpitaux, auprès des non voyants, etc. C’est une spécificité toute villeurbannaise. Il y a vraiment une notion de fête. C’est une espèce de gâteau qu’on prépare pendant un an. Et le week-end on le mange tous ensemble !
Pourquoi ce thème, Résister ?
GERARD PICOT : C’est un choix que j’ai fait suite à un partenariat avec l’Education nationale, sur le constat que cette vénérable institution était malmenée par le pouvoir en place. Par ailleurs, notre fête du livre est sensibilisée à tous les problèmes sociaux et nous privilégions les thèmes citoyens. Il y a deux ans, nous avons fait Et toi ton toit ? qui posait le problème des maisons d’arrêt, des expulsions et du logement. L’année prochaine, le thème sera : « Les filles et les garçons naissent égaux, certains plus que d’autres ».
Comment abordez-vous ce thème de la résistance ?
GERARD PICOT : On est parti de l’album Ita-Rose, de Rolande Causse et Gilles Rapaport [éd. Circonflexe, NDLR], qui parle de la déportation d’une famille juive pendant la guerre. Il se trouve que la maison d’Ita-Rose est à Villeurbanne. On a eu envie de partir des valeurs de la Résistance, la vraie, la pure, la dure, pour arriver aux valeurs de la résistance contemporaine. Des auteurs qui ont écrit sur le Rwanda sont invités. Il s’agit aussi tout simplement de la résistance au quotidien telle qu’elle apparaît dans le dernier album d’Alain Serres, illustré par Pef, Travailler moins pour lire plus [éd. Rue du Monde, NDLR]. On a aussi invité des auteurs qui parlent de la résistance au formatage, aux marques, au qu’en dira-t-on. Il est important pour moi qu’on puisse aussi parler de l’humour et de la dérision comme moyens de résister, en invitant les Plonk et Replonk. L’idée n’est pas que les 20 000 visiteurs repartent plombés, la tête basse, mais qu’ils repartent avec beaucoup d’émotion et d’interrogations aussi.
Lire et faire lire, n’est-ce pas déjà résister ?
GERARD PICOT : C’est ce que disait Pennac : « Ouvrir un livre tous les jours est un acte de résistance ». Il le disait déjà à une époque où l’écran n’était pas omniprésent.
Ça concerne aussi des enfants de 2 ans ?
GERARD PICOT : Oui complètement ! On propose des albums pour des enfants de 2 ans jusqu’aux livres pour des grands adulescents de 23 ans. La notion de résistance, chez le petit, c’est résister au départ de sa maman la nuit quand on le couche, résister à avoir sa tétine. C’est une attitude. Y a pas d’âge pour résister ! Du Nutella à Nicolas, résistons !
Le salon du livre jeunesse de Montreuil a failli perdre une grosse partie de ses subventions. Les salons et fêtes du livre sont-ils tous menacés ?
GERARD PICOT : Les fêtes du livre sont tout sauf indolores et sans saveur. C’est vrai qu’elles sont souvent en proie aux discussions. Elles sont fragiles.
La Fête du livre jeunesse de Villeurbanne, du 5 au 9 mai.
Tout le programme, expo, spectacles et auteurs ou illustrateurs invités sur le site :
http://www.fetedulivre.villeurbanne.fr/index.html
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