dimanche 24 octobre 2010

Le petit chaPUBron rouge

En préambule de cet album illustré pour enfants, l’éditeur annonce une grande première dans le monde de l’édition : l’album publicitaire. « Pourquoi donc la publicité n’interromprait-elle que les films à la télé ? » C’est vrai, ça, pourquoi les livres resteraient les derniers espaces non pollués par la pub ? « Bien sûr, c’est assez dérangeant pour le lecteur, voire même énervant, mais cela peut faire gagner beaucoup d’argent à l’éditeur ! » L’argument est imparable.

Et voilà donc l’histoire du Petit chaperon rouge, entrecoupée de pubs à tout va. La petite fille apporte une galette et un petit pot de beurre à sa grand-mère ? La double page suivante vante la qualité de « La bonne galette de Chénou, la seule galette vraiment authentique, économique et folklorique ». Et ainsi, au fil du conte de Perrault, apparaissent des réclames pour les Assurances Bûcheron et Cie, les baskets Galoper’s, le parc d’attraction de la Chevillette (dont l’entrée est gratuite pour les familles de plus de 18 enfants et les jours de pluie du 28 février au 1er mars), la tisane Vieille femme, le yaourt Cherra, le dentier Mordicus (garanti 148 ans), etc.


Un faux album publicitaire plein de vraie ironie, qui détourne avec énormément d’humour les codes de notre société malade de consommation.



Le petit chaPUBron rouge, un album écrit par Alain Serres d’après le conte de Perrault, illustré par Clotilde Perrin, avec la participation de Zaü, Pef, Martin Jarrie, Laurent Corvaisier, etc. aux publicités. Editions Rue du monde, 14€.


samedi 23 octobre 2010

Babyfaces

Dans le catch, il y a les babyfaces, qui jouent les rôles des gentils, et les heels, qui jouent les méchants*. Dans la vie, Nejma a décidé de jouer les méchantes. Bonnet enfoncé jusqu’aux yeux, vêtements informes et ton agressif, elle ne laisse surtout personne l’aimer. Le jour où un élève est retrouvé à moitié mort derrière la porte de la cantine, elle fait donc une coupable idéale. Dans un décor coupé en deux par l’autoroute, inspiré des quartiers nord d’Amiens, Marie Desplechin nous plonge au cœur d’une cité gagnée par la frénésie du catch. L’auteure parvient à rendre son personnage, anti-héroïne par excellence, éminemment attachante et fait une nouvelle fois preuve de son talent à manier de conserve dérision et gravité.

Aux enfants, dites juste qu’on y parle de John Cena et de Rey Mysterio, ça devrait suffire à les convaincre.



Babyfaces, un roman de Marie Desplechin, collection Neuf de L’école des loisirs, 8,50€.


*Je fais la maligne, mais c’est écrit en exergue du roman.



vendredi 22 octobre 2010

La rédaction de Soleman

Lorsque Sabine, la maîtresse, demande à ses élèves d’écrire leur meilleur souvenir, le petit nouveau de la classe, Soleman, sèche : il n’y a pas de bon souvenir dans sa vie. Une injustice qui ne laisse pas indifférent Corentin, le narrateur de cette courte histoire. Alors, s’il n’y pas moyen de trouver de bons souvenirs dans le passé de Soleman, il ne reste plus qu’à en fabriquer au présent, ce dont vont se charger les élèves de la classe. Ce roman de première lecture aborde avec beaucoup d’émotion et d’humour des sujets aussi sérieux que l’intégration, l’injustice, ou le sexisme chez les escargots. Tout ça à parfaite hauteur d’enfant.

La rédaction de Soleman, de Audren, illustré par Gabriel Gay, collection Mouche de L’école des loisirs, 6,50 €.


jeudi 21 octobre 2010

Traits portraits


On me souffle qu'il serait pertinent de vous parler de ce festival de BD : Traits portraits.
Je n'y ai jamais mis les pieds, mais je dois reconnaître que la simple lecture du programme a de quoi faire saliver...
Donc, sans prendre trop de risque, je me permets de conseiller aux habitants des environs de Beaufort en Anjou (elle-même dans les environs d'Angers) d'annuler leur partie de pêche ou de remettre à plus tard la tonte du gazon (oooh l'horrible Parisienne avec ses vilains clichés!) pour se ruer sur Emile Bravo, Fred Bernard, Lucie Durbiano, Pascal Rabaté, François Roca et tous leurs copains...


Le salon Traits portraits, c'est ce week-end, les 23 et 24 octobre 2010, dans les halles de Beaufort en Anjou.
Et le programme, c'est , j'vous dis.


je vous quitte sur ces paroles de sagesse, prononcées par le Grand Emile Bravo:

"L'absurdité du monde que l'on appréhende déjà enfant, ne se résout pas en grandissant. "

Émile Bravo

La boutique des pandas / Malin comme un singe


La mode du vintage n’épargne pas le cinéma d’animation qui voit ressortir des petits bijoux exotiques des années 70-80. Dans deux DVD destinés aux tout-petits, Arte éditions remet au goût du jour les images délicates et pleines de grâce des Studios d’art de Shangaï. Sur une musique sautillante, avec une louable économie de paroles, singes, pandas, écureuils et hérissons s’animent à l’écran dans des décors aux couleurs vives et joyeuses. De belles images pour des morales irréprochables, quoique assez rigides et datées. L’épisode Attendons demain !, par exemple, s’avère ainsi être un plaidoyer sévère et sans appel contre la procrastination. Petit bémol à propos de ces jolis films si mignons : les voix sont pour la plupart débiles (le genre adulte contrefaisant la voix d’un enfant, hélas très répandu) mais comme je le faisais remarquer plus haut, il y en a très peu, c’est donc tout à fait supportable.

La boutique des pandas (à partir de 2 ans)

Malin comme un singe (à partir de 4 ans)

Deux sélections de films d’animation des Studios d’art de Shangaï, Arte éditions, 12,99€ le DVD.

mardi 19 octobre 2010

Rêves de liberté

Très dépaysante, cette nouvelle collection de romans Matins calmes, des éditions Chan-Ok, qui propose « une exploration de la littérature de jeunesse coréenne classique et contemporaine ». Rêves de liberté transporte ainsi son jeune lecteur un siècle en arrière, en Corée, à une époque où le peuple coréen tente de se soulever contre l’occupant japonais. A travers le personnage de Myeong-hye, jeune fille révoltée et déterminée à faire des études contre l’avis de ses parents, l’auteure donne à voir la condition alors réservée aux femmes, qui avaient comme seule ambition possible le mariage.

Mue par une force rare, et en dépit des conventions sociales, la jeune Coréenne décidera de devenir médecin. Elle se confrontera également à la réalité sociale de son pays, dont elle avait jusque là été préservée.


Un joli roman sur le passage douloureux entre vieux mondes et modernité, entre tradition et liberté.



Rêves de liberté, un roman de Kim Soyeon, collection Matins calmes, éditions Chan-ok, 10,90€. Conseillé à partir de 11 ans.



lundi 18 octobre 2010

Ma petite planète chérie

Le soir, quand leur mère a éteint la lumière, Coline et Gaston se relèvent en douce pour vivre des aventures incroyables avec Zina, leur araignée de compagnie. Chaque histoire est l’occasion pour les enfants de s’interroger sur notre environnement, cycles biologiques, tri des déchets, biodiversité, nuisances sonores, etc. Une chanson originale clôt chacun des neuf épisodes, reprenant le thème qui vient d’être abordé.

Après une carrière à la télévision, les petits films d’animation de Ma petite planète chérie sortent donc au cinéma. Comme à son habitude, le studio Folimage oublie de considérer les enfants comme des êtres gnangnans et prend le temps de la qualité.



Ma petite planète chérie, neuf courts-métrages d’animation de Jacques-Rémy Girerd, en salle le 20 octobre.

Un CD des chansons sort également chez le label Enfance et musique.


lundi 4 octobre 2010

La boule dans la gorge

Comme l’indique clairement le titre de ce petit livre, un enfant a une boule dans la gorge. Il voudrait en parler, mais autour de lui, tout le monde est trop affairé pour l’entendre. Alors, la petite boule grossit, grossit et devient énorme. Là où son papa, sa maman, le professeur et le médecin ont échoué, c’est finalement un chat qui va dénouer à sa façon la boule et permettre à l’enfant de transformer son angoisse et sa tristesse. Un très joli texte dans lequel l’enfant trouve seul, avec le jeu, l’imagination, et la rencontre avec l’animal, la force de se débarrasser de son mal être. Pardonnez-moi ce lyrisme soudain, mais personnellement, je ne peux pas m’empêcher d’y voir une parabole de l’artiste, qui de sa douleur fait un chant universel et apaise ainsi les hommes autour de lui.

Sinon, j’y vois aussi un hymne au pouvoir anxiolytique des chats. Et que vois-je d’autre de passionnant, vous demandez-vous ? Eh bien, j’y vois des illustrations en noir et blanc, comme toujours dans cette collection atypique des Mouchoirs de poche. Des illustrations minimalistes pour faire grincer les roues et les engrenages du cerveau de vos petits, parce que, non, la vie n’est pas toujours un joli aplat de couleurs pastel…



La boule dans la gorge, de Damien Ferez, collection Mouchoir de poche, éditions Motus, 4,50€