mercredi 31 décembre 2008

La Déclaration, suivie de La Résistance


Dans ce deuxième pavé de sa carrière, Gemma Malley nous envoie gentiment promener en Angleterre, en 2150. Et en 2150, figurez-vous que les hommes ne meurent plus, grâce aux pilules magiques de longévité. Mais si plus personne ne meurt, il faut du coup que plus personne ne naisse, sous risque de se retrouver trop nombreux sur terre. Et là, le joli rêve devient cauchemar. Dans cette société de vieux éternels, quelques jeunes ont malgré tout réussi à voir le jour, ce sont les Surplus. Sous-hommes esclavagisés, maltraités et parqués dans un centre spécial.
Dans le premier tome, La Déclaration, l’histoire d’Anna, paru l’année dernière, il était question pour les personnages d’échapper à leur destin de Surplus. Ce deuxième tome, La Résistance, s’attache d’avantage à l’histoire de Peter. L’adolescent, soutenu par un réseau souterrain, va tenter d’infiltrer la plus grosse entreprise de pilules de longévité, symbole de la toute puissance, et bras droit d’un pouvoir totalitaire.
Mais ce n’est pas simple tous les jours de résister : il faut se dépatouiller de ses doutes, des manipulations, de ses peurs… Tous les ingrédients en tout cas, d’un thriller à suspense. Les personnages sont plutôt attachants, l’intrigue accrocheuse même si un peu légèrement menée parfois, et les thèmes philosophiques abordés pertinents. On se prend vite à espérer mettre à mal un système aussi odieux et pervers (mais pour ça, je vous préviens tout de suite, il faudra attendre le 3ème tome.)
Aucun risque d’addiction sévère et brutale, rien de fondamentalement révolutionnaire dans cette petite science-fiction, mais personnellement, je la mettrais dans les mains d’un adolescent, si j’en avais un.

La Déclaration, puis La Résistance, de Gemma Malley, Naïve, 18€.

lundi 29 décembre 2008

Noël pour tous !

Arghh, crotte de zut ! J’ai laissé passer Noël sans vous parler de Noël pour tous !
Tant pis, ce livre est tellement bien que je vous autorise à le lire à Pâques, ou même le 14 juillet, si vous voulez, tiens ! C’est un album aux lignes très graphiques, dans lequel se découpent des silhouettes, des perspectives inattendues, où le noir et blanc dominant est parsemé de touches de couleurs vives. Des images très intéressantes à décrypter avec son enfant. Un travail d’illustration original pour accompagner la tournée mouvementée du père Noël, depuis le Pôle Nord jusqu’au Japon, en passant par la savane africaine ou la forêt tropicale. Le tout servi avec une petite chute très mignone, qui réconciliera ceux qui y croient et ceux qui n'y croient plus.

Noël pour tous !, d’Antoine Guilloppé, éditions P’tit Glénat, 11€.

samedi 20 décembre 2008

Le cabaret magique du roi des Papas

Il me reste quelques minutes à peine avant des vacances-bien-méritées pour vous dire de ne pas rater le Cabaret magique du roi des Papas. Je reviendrai plus longuement sur mon idole sa Majesté, avec interview exclusive, révélations et scoops décoiffants, mais en attendant, sachez que Vincent Malone et sa cour jouent sur scène, en vrai, avec des dames qui font de la trompette, des messieurs qui parlent dans des mégafaunes et qui font rien que d’embêter les filles en les canardant à la sarbacane. Bref, plein de joyeuses bêtises à regarder, chanter et écouter, mais en apprenant des choses hyper pédagogiques, car, comme il se doit pour quelqu’un de son importance, le roi des Papas s’est donné pour mission d’éclairer le peuple des enfants.
Le disque et le spectacle du Cabaret magique qui va avec, parlent en effet de la création du monde, des problèmes conjugaux d’Adam et Eve, et d’un tas de trucs archi importants : l’évolution, les dinosaures, l’argent, les abeilles, le corps humain, les médicaments… Bon je peux à présent partir la conscience tranquille. D'ailleurs, j'y vais, j'ai mon train...

CD Le Cabaret Magique du roi des Papas, éd. Naïve.
Le spectacle, c'est du 26 au 30 décembre, à l’Alhambra, à Paris (10e), puis en tournée en France. Les dates et tout le reste sur :
www.leroidespapas.com

mercredi 17 décembre 2008

Au pays de Titus

Au pays de Titus, le temps n’est pas celui des parents. Ceux-là peuvent bien s’époumoner : Mange proprement. Va te laver les dents. Applique-toi. Ecoute la leçon. Arrête de rêver… Titus s’en fout. Il laisse les adultes et leurs mots, et s’échappe dans son monde, dans son pays à lui, où l’enfant et la nature ne font qu’un, où il est nécessaire de compter les petits pois avant de les manger, où l’on observe les fourmis qui fourmillent, et où les adultes ne savent plus aller, tout « serrurouillés » qu’ils sont devenus.
Il y a plein de choses dans cet immense livre : de la poésie, des cris, des mots qui s’affichent en grand sur les pages, ou au contraire en tout petit. Le monde des adultes, en noir et blanc, alterne avec celui de Titus, en couleur. Les enfants devraient retrouver dans cet album aux dimensions géantes le rapport qu’ils entretiennent au monde : sensuel, physique, imaginaire. Et, qui sait, les parents se laisseront peut-être séduire par ce très beau plaidoyer pour donner aux petits le temps de grandir.

Au pays de Titus, texte de Claudine Galea, illustrations de Goele Dewanckel, éditions du Rouergue, 22€.

mardi 16 décembre 2008

Niama-Niama : le secret des arbres

Bien que n’ayant aucun diplôme de mère Noël, j’ai dans ma hotte le plus super top des cadeaux pour vous et vos enfants. Une pièce que j’aime tellement, que je ne trouve même pas les mots pour vous dire combien elle est… fabulistique, malicieusateuse, poétrice, dynamitante, essentiellique, philosopheuse…
Tricotée à partir de plusieurs contes africains et d’ailleurs, l’histoire de Niama-Niama : le secret des arbres raconte la naissance de la terre, la conception du premier arbre et des premières créatures terrestres mi-hommes mi-animales. Et aussi comment les hommes sont devenus hommes, avant de changer de couleur au fil de leurs voyages. Dans un univers de bidons lumineux et de récup’ astucieuse, au pied d’un baobab, cinq excellents comédiens et un musicien nous font le récit de l’humanité, avec une grâce, un humour et des trouvailles de mise en scène géniales. Et si je puis me permettre un dernier petit superlatif, je dirais même que La Fabrique des Petites Utopies, la compagnie qui a créé ce spectacle, porte bien son nom…
De toute façon, je vous ordonne de me faire confiance. Ne discutez pas, faites comme je vous dis : courez, envolez-vous, voir cette « fantaisie théâtrale » sans plus tarder !


Niama-Niama : le secret des arbres, conseillé à partir de 7 ans. Jusqu’au 20 décembre à l’Atelier du Plateau, Paris 19e. Réservations : 01 42 41 28 22. Tarifs : 12€,10€, 8€.
Pour les autres dates, ailleurs et plus tard, toutes les infos sont sur :
www.petitesutopies.com

jeudi 11 décembre 2008

Le jazz fait son cirque, et vice versa

Pour vous la faire simple, sachez qu’il y a sur scène des musiciens de jazz qui font les clowns et des clowns qui jouent du jazz. Et réciproquement. Et avec talent.
Dans ce concert, point de recueillement respectueux, de mines sérieuses et concentrées, mais des gags, des courses poursuites qui se finissent au milieu du public, des couacs, de la voltige, et même le domptage en live d’un homme. Les deux clowns de la géniale compagnie des Nouveaux nés se sont associés avec trois collègues jazzmen très forts. C’est poilant, plein d’énergie et de gaieté. Tout le monde se marre : enfants, parents, grands-parents, oncles, voisins du dessus, du dessous, de palier…

Le jazz fait son cirque, jusqu’au 4 janvier à l’Européen (Paris), puis en tournée en France. Entrée : 28€, TR 24€.

mercredi 10 décembre 2008

La Déclaration universelle des droits de l’Homme a 60 ans...

60 ans aujourd’hui! Eh oui, déjà 60 ans que le monde ne connaît plus la torture, le travail des enfants, la misère. 60 ans qu’on n’a plus vu une seule femme violentée, ni aucun étranger privé du droit d’asile. 60 ans que les oiseaux sifflotent sur le passage des petits chérubins qui vont à l'école gaiement…
Mais pour rappeler à votre descendance comment c'était trop galère avant, la vie sur terre, je vous invite à lire avec eux ce document historique et passionnant qu’est la Déclaration universelle des droits de l’Homme – DUDH pour les gens pressés.


Gautier-Languereau, a choisi la simplicité et l’esthétisme, en faisant illustrer les trente articles de la DUDH par Eric Puybaret. Très bel ouvrage.

Déclaration universelle des droits de l’homme, illustrée par Eric Puybaret, Gautier-Languereau, 13€.



Chez Rue du Monde, Marie-Agnès Combesque, militante devant l’éternel, ajoute, en marge du texte original, des explications et des commentaires, pour aider le lecteur à décrypter cette déclaration et pour mieux la resituer dans le monde contemporain. Comme d'habitude, les illustrations de Clotilde Perrin sont parfaites.

Tous les humains ont les mêmes droits, de Marie-Agnès Combesque et Clotilde Perrin, Rue du Monde, 16€.

Nous naissons tous libres… , aux éditions Circonflexe, propose une version du texte de la DUDH simplifiée et adaptée aux enfants. Chaque article est illustré par un artiste différent. En tout, 28 illustrateurs du monde entier s’y sont collés (avec plus ou moins de succès, mais bon, on ne va pas trop chipoter…)

Nous naissons tous libres…, Circonflexe, 16€.

mardi 9 décembre 2008

Jean-Yves Lacombe, drôle d’animal...

« Meuh meuh, je suis une vache… » Voilà le tube qui a lancé la carrière solo de Jean-Yves Lacombe. C’est fort, non ?
Et pourtant ce n’est pas la dernière trouvaille crétine de TF1, non, c’est un album respectable pour jeune public (et même – ce qui n’est pas peu dire - sélectionné par l’Adami dans sa dernière compil Mino). Derrière ces meuglements émouvants de vache qui a perdu ses taches, il y a en effet un artiste accompli, membre du prestigieux Quatuor (chuchotis admiratifs). Devant le succès que remportait sa vache depuis des années, le musicien a fini par écrire un bestiaire entier sur le même mode : quelques notes de musique, une ritournelle et « des jeux de mots à Lacombe ».
A présent sa vache a de nouveaux amis : un cheval, un orignal (qui se retrouve à poil parce qu’il a pris trop d’élan en voulant traverser le Saint-Laurent), une poule qui revient à plusieurs reprises nous expliquer qu’elle cocotte, sans oublier le délicieux roquet à sa mémère, ou Funky Kiki, le cochon d’Inde.
C’est du comique de répétition, de l’absurde, du loufoque, et ça marche encore au bout de plusieurs écoutes. Le disque comprend d’ailleurs un DVD sur lequel on découvre notre homme en flagrant délit de bouffonnerie. C’est excellent !

Les chansons animalières, de Jean-Yves Lacombe, Victorie Music.

lundi 8 décembre 2008

Mia ou le Migou ?

Plantons le décor : Mia, une gamine de 10 ans, part à la recherche de son père, au fond d’une forêt tropicale d’Amérique latine. Elle va rencontrer en chemin d’étranges créatures, avant de croiser le destin d’Aldrin, fils d’un riche industriel qui ressemble à Bernard Tapie et qui a évidemment l’idée fumeuse de transformer la forêt en complexe touristique.

Ce film me partage en deux, et c’est très inconfortable. Du côté gauche, j’ai une forte envie de défendre cette œuvre, son propos, la beauté et la grâce de son dessin, le travail de la couleur, la qualité des animations et de l’interprétation, et même la musique… J’ai aussi envie de rendre hommage au pari de Jacques-Rémy Girerd d’oser encore une fois la lenteur et d’entraîner le spectateur au cœur d‘une mystique écologique. Le seul problème, c’est que mon côté droit s’est un peu ennuyé et n’est vraiment entré dans l’histoire qu’avec l’arrivée du Migou, qui hélas, est un peu tardive… Mais voilà que mon côté gauche se lève, empoigne mon côté droit et lui colle une droite (eh oui, mon côté gauche est droitier)! Et tout d’un coup, les choses s’éclaircissent en moi : oui, c’est ça, allez-y !

Mia et le Migou, de Jacques-Rémy Girerd, 1h31. Sortie en salles le 10 décembre.

dimanche 7 décembre 2008

Montrouille, la suite...

Et voilà, comme promis, encore quelques livres autour du thème de la Grande Pétoche…

Danse avec la nuit !

C’est la fin de la journée, Luna cherche une idée pour jouer, quand arrive Sombre Sire… qui n’est autre que l’ombre de la nuit qui entre par la fenêtre. Le vernis brillant qui représente cette nuit envahit peu à peu tout l’espace, jusqu’à faire le noir complet dans la pièce. Mais Luna, le noir, ça ne l’impressionne pas plus que ça, et voilà la gamine qui attrape Sombre Sire et l’envoie valdinguer dans le décor, dans un rock’n roll acrobatique ! Ou comment remettre à sa place l’obscurité et les peurs qu’elle inspire.

Danse avec la nuit !, d’Ella Burfoot, Nathan, 9,95€.

Le croqueur de cauchemars

Si vos enfants vous réveillent la nuit en transe parce qu’ils ont vu un cauchemar, embauchez tout de suite un Gloups. Ce gentil monstre se nourrit des cauchemars des enfants. Un cri dans la nuit ? Il accourt et se planque ensuite sous le lit, pour choper les cauchemars qui passeraient par là. A la fin du livre, une petite maquette de Gloups et un kit de 12 cauchemars en carton à lui faire avaler. Un geste psychosymbolicothérapeuthique probablement.

Le croqueur de cauchemars, de Kochka et Thomas Baas, Les albums du Père Castor, 12€.


The Midnight library, Bouche cousue

Voilà typiquement le genre d’histoires à lire si on est ado, sous une tente, avec une lampe de poche et des copains. Cris de frayeur et nuit blanche garantis. Le principe est simple et efficace : des gens normaux, dans la vie normale, et puis soudain, on bascule dans une atmosphère étrange, un univers fantastique. Et paf ! L’histoire dérape, les personnages se retrouvent dans une situation inextricable, de préférence horrifiante. A la dernière page, l’auteur laisse le lecteur en plan, seul avec ses angoisses, et ses compagnons de tente…

The Midnight library, Bouche cousue, de Nick Shadow, Nathan, 11€.


10 façons d’assassiner notre planète

Ceci est une excellente méthode pour devenir paranoïaque et neurasthénique en quelques heures à peine. Alain Grousset, sûrement diplômé de Sadisme International, a réuni pour nos chères têtes adolescentes une série de nouvelles signées des plus grands auteurs de science fiction. Chacun de ces textes met en scène un scénario catastrophe sur un sujet catastrophique : pollution, guerre atomique, surpopulation, manipulations génétiques… L’idée étant de suggérer le pire pour faire réagir le lecteur. Eh bien chez moi, ça a marché : j’ai réservé une chambre sur la station spatiale internationale.

10 façons d’assassiner notre planète, nouvelles réunies par Alain Grousset, collection Tribal, Flammarion, 7€.

La peur au cinema

Emmanuel Siety est un monsieur très intelligent, qui explique très bien pourquoi les films d’horreur fichent la trouille et comment les réalisateurs s’y prennent pour traumatiser des générations entières de spectateurs. Son analyse des mécanismes de la peur est passionnante, truffée d’exemples et de photos qui devraient évoquer au lecteur cinéphile de douloureux souvenirs.
Attention d’ailleurs aux effets secondaires : en ce qui me concerne, j’ai fait des cauchemars atroces après avoir lu ce livre (et je n’avais même pas de Gloups).

La peur au cinema, d’Emmanuel Siety, Actes Sud Junior/ la Cinémathèque française, 18€.

vendredi 5 décembre 2008

Tom à la licorne

Au théâtre, comme dans la vie, il est bon parfois de se retrouver en petit comité. Eh oui, je suis d’humeur à faire des maximes aujourd’hui. Et c’est donc pourquoi je vais vous parler de Tom à la licorne, une modeste mais sympathique pièce de théâtre pour jeune public, qui se joue en ce moment à Paris, dans une toute petite salle, à hauteur (et largeur) d’enfant, donc.
Pour vous résumer l’affaire, Tom est un môme du genre monomaniaque, qui passe sa vie à lire. Au lieu d’aller gambader dehors dans les crottes de chien comme tous les enfants, il préfère rester enfermé dans sa chambre à faire la causette avec ses livres. Mais un jour, la vie de Tom bascule : son livre préféré, Le livre à la licorne, disparaît ! Il va devoir sortir de chez lui et affronter le monde pour le retrouver. De rencontre en rencontre, notre petit héros va se faire des amis et mettre à profit les choses apprises dans les livres, pour se dépatouiller dans les situations délicates de la vraie vie.
Ce voyage initiatique, mené par deux comédiens, plonge le spectateur dans des univers théâtraux très variés : marionnettes, théâtre d’ombres, comedia dell’arte… Un art du bricolage scénographique et des trouvailles de mise en scène qui, personnellement, me ravissent et qui compensent les petites baisses de rythme passagères du jeu et du texte.

Tom à la licorne, théâtre Essaïon, Paris (4e). merc, sam, dim à 14h. Tous les jours pendant les vacances de Noël. Entrée : 8 €, tarif réduit : 5€. Spectacle à partir de 5 ans. Jusqu'au 21 février 2009.
Le blog du spectacle : http://tomalalicorne.blogspot.com/ Il y a même des places à gagner jusqu’au 10 décembre.

Le cru Mino 2008 est arrivé !

Kézako Mino ? Mino c’est super. Oui mais encore ? C’est une compilation de morceaux de musique, un festival aussi, un coup de pouce enfin pour la création musicale à destination du jeune public. Pour résumer, c’est un formidable repaire de talents.
Les Jeunesses musicales de France et l’Adami, organisateurs du festival, se creusent la tête chaque année pour débusquer les plus chouettes spectacles musicaux du moment et une fois que leur panier est plein de merveilles, ils les programment sur la scène de l’Espace Cardin, à Paris. J’arrive un peu tard avec mes gros sabots, puisque les représentations ont débuté il y a deux jours. Mais ça dure jusque dimanche, et les motivés peuvent peut-être encore chiper quelques places en dernière minute….
Les autres, consolez-vous, il y a le CD ! La sélection 2008 est, une fois de plus, au top et pleine de surprises.
On y trouve les émouvantes chansons de Carlo Bondi et Xavier Michel, les entraînantes rengaines d’Amipagaille ou d’Alain Schneider, deux tubes de Zut et les belles mélodies d’Un cadeau pour Sophie, tirées d’une très chouette histoire de Gilles Vigneault. Le tout est parsemé des hilarantes chansons animalières de Jean-Yves Lacombe. C’est délicieux ! (allez donc écouter sur le site, si vous m'croyez pas)
L’idée ingénieuse de ce disque, c’est qu’une fois que vous en avez fait le tour, vous courez vous procurer les albums dont sont issus les extraits, puis vous les écoutez en boucle pendant un an, jusqu’à la prochaine compil Mino. Et ainsi de suite...

CD Mino 2008, Victorie Music, 12 €.
Festival Mino, Espace Cardin, Paris 8e, jusqu’au 7 décembre. Renseignements sur :
http://www.mino.fr/

mardi 2 décembre 2008

Laban, le petit fantôme

Dans la vie, y a les vernis et puis les chkoumouneux… C’est le cas de Laban, un très jeune fantôme suédois, qui a une super trouille du noir (et de pas mal d’autres choses). Pour un spectre, il faut bien l’avouer, ça la fout mal… Mais heureusement, dans le monde joyeux et pédagogique des œuvres culturelles pour la jeunesse, on a tous une deuxième chance et la possibilité un jour de surmonter son handicap de départ. Et je vais encore vous parler de ce Laban, qui bien que petit, froussard et fantomatique de nature, est parvenu à vendre plus d’un million de ses aventures livresques en Suède ! Naturellement, le cinéma s’est intéressé à lui, et le voilà aujourd’hui sur nos grands écrans, dans une série d’aventures charmantes.
Accompagnés par une voix off rassurante, les jeunes spectateurs sont traités ici avec respect. Le propos est très premier degré, mais il a ce qu’il faut de douceur et de spontanéité pour éviter le gnan-gnan. Les intrigues de ces six courts épisodes réunis en un long-métrage sont simplissimes et efficaces. Le tout avec quelques trouvailles sympas, comme le don d’imitation de la petite sœur Labolina, qui devrait ravir vos mini-rejetons.

Laban, le petit fantôme, de Per Ahlin, Lasse Persson et Alicja Jaworski, 44 minutes. A partir de 2 ans. En salle le 3 décembre.

mercredi 26 novembre 2008

Le salon de Montrouille

Cette année, et dès aujourd'hui, le Salon du Livre jeunesse de Montreuil a choisi de filer les chocottes aux gosses. Lectures dans le noir (organisées par la Très Sainte Charte des Auteurs et Illustrateurs jeunesse), sélection d’ouvrages terrorisants, expositions terrifiantes, débats affreux, et partout entre les stands : kidnappings, rapts, assassinats, abandons…. Bref, ce salon va être un sale moment à passer pour tous : jeunes lecteurs, auteurs, illustrateurs, éditeurs, bibliothécaires, profs, instits, gens normaux…

Salon du livre et de la presse jeunesse de Montreuil, du 26 novembre au 1er décembre 2008. Halle Marcel Dufriche, 128 rue de Paris, Montreuil.

Si vous préférez ne pas venir, ce que je comprendrais aisément, je vous propose quand même une petite sélection d’horribles livres pour faire trembler vos enfants. Indispensable, paraît-il, pour les faire pousser correctement.


Crocolou aime avoir peur
Contrairement à ce que vous pensez, Crocolou n’est pas masochiste. Son auteur, Ophélie Texier, passe juste en revue tous ces moments où il est tellement bon d’avoir la trouille : quand on défie les araignées du grenier, quand le tonnerre gronde dehors et qu’on est bien à l’abri dans les bras musclés de son papa, ou quand on escalade une montagne haute comme l’Everest, solidement harnaché en cordée. Ou de l’art pour les tout petits de jouer à se faire peur, frissonner de plaisir, pour mieux se laisser réconforter ensuite, et pouvoir dire fièrement : même pas peur !

Crocolou aime avoir peur, d’Ophélie Texier, Actes Sud junior, 7,50€


Barbe bleue
Voilà une histoire de psychopathe, qui depuis le début a dû faire dresser les cheveux de plusieurs générations d’enfants (et d'adultes). L’illustratrice Chiara Carrer et les éditions La joie de lire ont poussé le sadisme jusqu’à réécrire ce conte et nous en proposer une interprétation très contemporaine, à la manière d’un fait-divers, ou d’un épisode de 24 heures chrono. Des petits dessins très simples au crayon alternent avec de longues images très graphiques où dominent le noir et le bleu. Elliptique et décliné à la manière d’un compte rendu, heure par heure, le texte en rajoute une couche dans l’effet froid et inquiétant.

Barbe-bleue, de Chiara Carrer, La joie de lire, 15€


La fois où j’ai eu si peur

Martine Laffon a eu l’ingénieuse idée de situer cette histoire dans l’univers plein de mystères d’une fête foraine, puis entre les murs inquiétants d’une usine désaffectée. C’est donc dans ce cadre pas net que se passe l’éprouvante soirée de Nine. Pas d’bol pour elle, cette jeune fille qui a une trouille bleu des orages, se laisse surprendre par… un orage ! Elle trouve alors refuge avec un garçon, qu’elle connaît à peine, dans une ancienne usine de papier. Et là, il commence à se passer des choses des plus insolites… Cet album plonge le lecteur dans l’étrangeté de ce sentiment qu’est la peur, et donne à voir la part de fantasme qui lui est attachée. Les superbes illustrations de Fabienne Burckel traduisent parfaitement ce basculement possible entre imaginaire et réel et créent une atmosphère paradoxalement réaliste et onirique, comme savent si bien faire les cauchemars.

La fois où j’ai eu si peur, de Martine Laffon et Fabienne Burckel, Thierry Magnier, 17€.


La vie secrète des monstres


Voici le chef d’œuvre du genre ! L’indispensable livre à offrir à tous les trouilleux !
En allant chercher dans l’art de ces derniers siècles, de Jérôme Bosch à Salvador Dali, en passant par Nicolas Poussin, ce gros livre propose des portraits pleine page de monstres monstrueux, sanguinolents, curieux, ou juste grotesques (attention, certains sont définitivement ignobles !). Et grâce à la plume alerte de l’épatant Bruno Gibert, on en apprend alors de bien bonnes au sujet de ces créatures infâmes. L’auteur leur invente des mœurs, des histoires, des généalogies ou des professions étonnantes. Le texte est malin, souvent drôle et décalé. Une parfaite illustration de comment les mots permettent de tenir nos peurs à distance, et peuvent jeter sur des images terrifiantes un voile poétique ou humoristique qui les rend tout à coup supportables.

La vie secrète des monstres, de Bruno Gibert, Palette…, 24€


Comment ratatiner les monstres
Ce livre dispense au jeune lecteur des conseils avisés pour éradiquer de sa vie tous les monstres qui encombrent son quotidien. Les monstrueuses créatures sont particulièrement malmenées et tournées au ridicule, grâce aux illustrations rigolotes de Roland Guarrigue et au ton très docte de Catherine Leblanc. Vous sortirez de cette lecture ragaillardis, forts de cet enseignement : toute personne un minimum imaginative et maligne n’a rien à craindre d’une bande de monstres gluants et cruels. Chacun a, quelque part en soi, la ressource nécessaire pour s’en protéger. A condition, toutefois, de ne jamais sortir sans un pot de moutarde sur soi… (Mais bon, ça vous le saviez déjà, hein ! C’est le BA-BA, tout de même…).

Comment ratatiner les monstres, de Catherine Leblanc et Roland Guarrigue, P’tit Glénat, 11€


Je complète cette liste dès que bientôt tout à l’heure…

lundi 24 novembre 2008

Les enfants lui ont dit…

Voici un album à écouter les yeux fermés. D’abord parce qu’il est très chouette, et surtout parce que cela vous évitera de voir plus longtemps son horrible pochette.
Ne pas se fier donc au côté bricolo de la jaquette, cet album est plein de douceur, de mélodies entraînantes et de respect pour les petits. Il y est question de grandir, de cauchemars, de papas et de gâteaux d’anniversaire, bref de sujets de la plus haute importance lorsqu’on est minot. Et le ton est toujours juste. Rien d’étonnant, puisque ces 14 chansons sont le résultat de plusieurs années d’ateliers d’écriture de chansons, menés dans des écoles. Les enfants m’ont dit (titre de l’album) ce ne sont donc pas des paroles en l’air. C’est pour de vrai.
A noter l’apparition de Steve Waring sur la très jolie chanson On ne se ressemble pas.

Les enfants m’ont dit, de Philippe Roussel, Au Merle moqueur, 23€.

vendredi 21 novembre 2008

Son beau sapin...

Je ne sais pas vous, mais en ce qui me concerne, les voies de la Net économie sont insondables. En voilà un nouvel exemple épatant : au lieu de culpabiliser comme chaque année devant tes deux semi-remorques de cadeaux, alors que plein d’enfants n’auront qu’une orange flétrie pour Noël, tu cliques sur le site Mon beau sapin, et pof ! Le monsieur de la Croix rouge, il part en trombe déposer un cadeau pour un enfant pauvre sous un sapin. Renversant comme concept, non ?

Alors, normalement vous devriez y arriver ce n’est pas compliqué, il faut prendre l’espèce de voiture miniature de l’espace que les initiés appellent une souris (ou un mulot pour les neu-neu), il faut la faire glisser sur votre table de bureau, jusqu’à ce que la petite flèche qui se promène sur l’écran parvienne au dessus de la phrase : « cliquez-moi dessus, je suis le lien ». Quand vous en êtes là, vous arrêtez de bouger la main. Vous vous concentrez fort. Prenez une respiration (par le ventre, surtout) et appuyez sur la partie supérieure gauche de votre « souris ». Et là alléluia !, vous êtes sur le blog de Mon beau sapin, et sa chef, Pénélope Bagieu, vous a fait de jolis dessins pour vous expliquer comment elle arrive à réaliser un tel miracle.
Allez, une deuxième chance : http://www.monbeausapin.org

jeudi 20 novembre 2008

Hip hip hip pour la petite taupe !

Ah mon Dieu ! J’ai failli oublier de vous parler du chef-d’oeuvre du millénaire dernier. Un film muet tchèque des années 60, avec une taupe comme personnage principal… Sexy, non ?
Sans rigoler, si vos enfants n’ont pas encore été initiés à La Petite taupe, il vous faut agir de toute urgence. Sans quoi ils pourraient devenir tristes et tout rabougris pour le restant de leurs jours. En cas de traitement de dernière minute, n’hésitez pas à mettre la dose. Le coffret intégral vient de sortir en DVD: 4 volumes au total, soit pas moins de 27 épisodes.
En gros, pour vous faire une idée du personnage, il s’agit donc d’une taupe, grassouillette, trois poils sur le caillou et le bout du nez rouge. Depuis les années 60, où elle a vu le jour en Tchécoslovaquie, sous les doigts agiles de Zdenek Miler, cette bête de dessin animé a derrière elle une carrière de près de 50 épisodes (créés jusque dans les années 2000). Au moins aussi vénérée que Mickey dans son pays d’origine, elle a fait le tour du monde. Et si elle vient d’une autre époque, la petite bestiole a incontestablement gardé son charme. Ses rires enfantins, sa curiosité et sa fraîcheur n’ont pas pris un cheveu blanc. Le dessin non plus : graphique et soigné, il a conservé toute sa poésie. Même enthousiasme pour la musique, qui accompagne de près ces histoires muettes. Un désormais classique pour les petits (à partir de 2 ans). Non, mieux que ça : un bijou ! Obligatoire, naturellement.


La petite taupe (vol.1), La petite taupe et la fusée (vol.2), La petite taupe fait son jardin (vol.3), Le Noël de la petite taupe (vol. 4), Arte Vidéo.
Le DVD : 9,99 €. Le coffret de 4 volumes : 29,99€.

mercredi 19 novembre 2008

Au berceau du monde

Il n’y a pas que chez nous que de pauvres orphelins innocents se retrouvent à la merci d’ignobles vilains pas beaux. Partout dans le monde, se jouent les mêmes psychodrames. Et pendant que notre petit chaperon fait causette avec le loup, des gamines habillées en peau de bête se coltinent des tigres démoniaques.
Elga et les jouets de bois nous embarque ainsi dans l’univers neigeux et les traditions du peuple oudégué, qui vit des jours plus ou moins paisibles aux confins de la Sibérie. Des gens pas trop comme nous, qui ont notamment pour principe de laisser à leur gibier la possibilité de s’enfuir avant de le tuer (et là, je dis : qui peut se vanter d’avoir déjà laissé sa chance à un poulet, à la caisse du supermarché ?).
Une version très dépaysante de Cendrillon, pauvre orpheline martyrisée par son abominable belle-mère, qui obtient son salut grâce aux forces de la nature et à sa grande bonté.

Cheval violon, est un conte encore plus tragique, mais néanmoins fort beau, qui prend sa source dans le patrimoine mongole. Une histoire pleine de chevaux, de moutons et d’émotions fortes.

Vous l’aurez compris, la collection Au berceau du monde permet d’aller voir ailleurs si on y est, et de plonger dans des histoires particulièrement exotiques pour des petits cerveaux occidentaux.

Elga et les jouets de bois, texte de Claude Clément et illustrations d’Hélène Muller, Le Sorbier, 13,50€.
Cheval violon, texte de Bernard Chèze, illustrations en volume de Clémentine Sourdais et Martin Viot, Le Sorbier, 13,50€.

lundi 17 novembre 2008

Les Shaolin et les Wudang, c'est épatang!

Si vous avez besoin de sentir vibrer votre Yin et votre Yang, ou si vous avez tout simplement envie de vous décrocher la mâchoire, précipitez-vous avec vos gnomes au grand show des moines Shaolin. Ces champions de kung-fu ont invité leurs copains taoïstes du mont Wudang à partager la vedette avec eux. Et malgré le côté légèrement kitsch de l’affaire, il faut bien reconnaître que les prouesses physiques de ces moines chinois sont époustoufifiantes. La question ne cesse d’ailleurs de vous turlupiner pendant deux heures : mais comment, Diable, font ils ?!
Voici donc une nouvelle occasion de percer leur secret. A travers les pratiques corporelles et mystiques de ces deux « écoles » d’arts martiaux, Shaolin (Kung-fu) et Wudang (Tai-chi-chuan), sont réunies deux conceptions du travail sur le corps et l’énergie : externe pour Shaolin, interne pour Wudang. Soit la rencontre et l’union sur scène du Yin et du Yang. Rien que du gros, je vous dis.

Shaolin Wudang, L’autre visage de la Chine, en tournée en France jusqu’au 21 décembre.
Toutes les infos sur :
http://www.myspace.com/shaolins

dimanche 16 novembre 2008

Princesses (pas) oubliées et (plus du tout) inconnues

Oui, je le reconnais, j’ai condamné ce disque avant même de l’avoir écouté. Et quelqu’une, que je ne dénoncerai pas, m’a avoué l’avoir jeté, avant de retourner fouiller dans sa poubelle pour le récupérer… Pourquoi tant de haine ? Parce qu’après s’être esbaudis à la lecture du best-seller de Philippe Lechermeier et de l’illustratrice Rebecca Dautremer, on a vu fleurir des milliers de déclinaisons de ce superbe album, en agenda, calendrier, porte-clé, sous-verre, paillassons, etc. Et voilà qu’on nous sort le disque ! Les journalistes au grand flair que nous sommes ont tout de suite senti l’odieuse opération marketing derrière la jolie couverture rose. Mais voilà, ô surprise, ce disque est une petite merveille ! Les compositions et l’interprétation de Catherine Vaniscotte sont délicieuses. Cette spécialiste des adaptations de textes littéraires a créé des chansons fidèles au charme et à la poésie des illustrations de Rebecca Dautremer, tout en gardant l’humour du texte et la distance nécessaire pour ne pas sombrer dans la mièvrerie. Rythmée, espiègle, ou mélancolique, la musique acoustique, dominée par le violoncelle et le piano, puise dans le jazz, la java ou la valse. Un choix qui s’accorde parfaitement avec l’œuvre originale.

CD Princesses oubliées ou inconnues, par Catherine Vaniscotte, Naïve, 21€.

jeudi 13 novembre 2008

L’ours qui avait une épée

Mettez une épée entre les pattes d’un ours, et le voilà qui fait le malin, se mettant à saucissonner tout ce qu’il croise. Le jour où son fort est détruit par une inondation, l’occasion est trop belle pour cet ours guerrier, qui part découper en morceaux le responsable de cette catastrophe.
Mais problème : à chaque fois qu’il s’apprête à trucider le coupable, ce dernier se défausse sur un autre. Et de coupable en coupable, notre ours finit par se rendre compte que… Que…? Si vous préférez avoir la surprise, il est encore temps de partir en courant. Pour les autres, vous l’aurez deviné de toute manière, l’ours se rend compte que tout est de sa faute à lui, et que pour se rendre justice, c’est lui-même qu’il devrait trancher en deux. Alors, forcément, ça le fait réfléchir, l’ours, (il était temps), et il finit par faire amende honorable.
Cette fable écologique sur l’équilibre naturel de la planète, se déroule à la façon d’un conte randonnée (la même situation est rejouée plusieurs fois avec des protagonistes différents). Elle est magnifiquement servie par de grandes illustrations dynamiques, pleines de détails et d’audaces graphiques.
Inutile de vous dire que toute ressemblance avec des êtres humains serait purement fortuite…

Texte de Davide Cali et illustrations de Gianluca Foli, éd. Rue du Monde, 16€. A partir de 4 ans.

mardi 11 novembre 2008

Allez hop hop hop ! Les Voila Voila sont là!

Ceci est un message à l’attention de toutes les heureuses personnes habitant Thorigny sur Marne ou Milizac* : voilà les Voila Voila !
Je vous préviens : ça swingue dur chez ces deux gars-là. Leur premier album, Allez hop hop hop ! nous livrait au printemps des versions ébouriffantes de contes de fée où le loup finit ses jours en soupe (quand il n’épouse pas Cendrillon), des révélations sur la façon dont on fait les bébés... Tout cela, et bien d’autre, avec de l’énergie, des guitares manouches et de l’humour qui fait mouche chez les moins de 1,40m. Ah oui, et aussi, c’est de la vraie musique faite par des vrais artistes, dingue, non ? Les deux loustics, déguisés en Blues Brothers, poursuivent désormais leur mission sur scène. Bon, j’avoue, je n’ai pas vu le spectacle, mais je suis confiante. Ils annoncent un « cabaret-bricolo », et moi je les crois. Allez, hop hop hop ! On se dépêche! Et qu’ça saute ! Zou !



*Bon, une dérogation est accordée à tous ceux qui résident à Champs sur Marne, Saint Lyphard et Liffré et aussi aux visiteurs du festival Chorus des Hauts de Seine. Leur tour arrive début 2009.
Pour connaître les dates précises, cavalez donc sur ce lien : je suis un lien

The disque : Allez Hop hop hop ! par Les Voila Voila, Naïve.

lundi 10 novembre 2008

L’Arche part à 8 heures

C’est un miracle qui n’arrive qu’une fois tous les dix siècles environ : un livre qu’on aime d’amour, un livre qu’on est prêt à défendre bec et griffes, que même, on pourrait mourir pour lui. Mais comme tout le monde l’aime aussi, parce qu’on ne peut pas faire autrement, ben on meurt pas, c’est cool (surtout si Ulrich décide d’en écrire un autre aussi bien, ça me ferait mal de le rater).
Bon alors, voilà, c’est des pingouins qui font le pied de grue sur la banquise et comme ils n’ont rien à faire, ils s’interrogent sur l’existence de Dieu. Mais une colombe arrive, totalement stressée, et leur annonce un déluge imminent. Avant de repartir avertir les autres animaux de la terre, elle laisse aux pingouins deux tickets pour pouvoir embarquer sur l’Arche de Noé. Le problème, c’est que les pingouins sont trois… Ballot, non ? dirait un jeune d’aujourd’hui.
La suite est délicieuse, pleine de questions philosophiques et métaphysiques de la plus haute importance, c’est gavé d’humour et de comique de situation jubilatoire. Je n’ai pas peur de vous le dire : cette fable est trop puissante !

Livre obligatoire à partir de 9 ans, et sans limite d’âge.


L’Arche part à 8 heures, roman de Ulrich Hub, Alice jeunesse, 8 €.
Ce roman (adapté d’une pièce de théâtre du même auteur) a obtenu le Prix Tam-Tam 2008, mais aussi le prix Sorcières 2009.

vendredi 7 novembre 2008

Bonne nuit, Billy !

Il y a dans la littérature jeunesse un genre à part entière, qui apparemment fait fureur : le genre du petit ours qui ne veut pas dormir.
Bonne nuit, Billy ! est une nouvelle variation sur ce thème. Comme il sied au genre, les illustrations à l’aquarelle sont chaleureuses et pleines de délicatesse. Le petit ours est craquant dans son pyjama trop grand et les attitudes des personnages rappellent la finesse du trait de Gabrielle Vincent (l’auteure d’Ernest et Célestine). Quant à ce petit ours qui rechigne à aller se coucher, c’est un petit malin qui n’hésite pas à faire porter le chapeau à son doudou (en gros, le problème, ce n’est pas lui, mais c’est le doudou). Le propos est doux et réconfortant. Un album très mignon, pour les tout petits.

Par les auteurs (anglaises) de J’ai oublié de te dire je t’aime : Miriam Moss et Anna Currey. Les albums du Père Castor, 12€.

jeudi 6 novembre 2008

Le Cirque invisible : à voir !

Je vous préviens tout de suite : je suis fan au dernier degré de ce qui va suivre… Le Cirque invisible n’est pas un spectacle conseillé : c’est un spectacle o-bli-ga-toire ! Et ceci vaut pour toutes les créations de la famille Thierrée-Chaplin.
De quoi s’agit-il ? De Jean-Baptiste Thierrée, d’abord : un magicien facétieux, qui donne (généreusement) dans l’humour absurde et les trouvailles farfelues. Inventeur fou de machines incroyables, ce vieux monsieur pas sérieux est infatigable. Il arpente l’immense scène du Rond-Point avec son sourire angélique et ses gags surréalistes, tandis que sa femme, Victoria Chaplin (fille de Charlie), fait des apparitions empreintes de poésie et de grâce. Enigmatique et aérienne, ses acrobaties sont des tableaux en mouvement, ses métamorphoses donnent naissance à des bêtes étranges et fascinantes.
Ces deux là alternent sur la scène, et se retrouvent parfois pour revisiter un numéro de femme coupée, dresser des lapins, ou faire chanter un chœur de (vrais) canards.Rares sont les occasions de passer ainsi de la surprise à l’ébahissement, et du rire au souffle coupé. Une expérience proche de nos premières émotions de spectateur. Inutile de préciser que les enfants marchent à fond (à partir de 7 ans environ).

Le Cirque invisible, de Victoria Chaplin et Jean-Baptiste Thierrée, jusqu’au 30 novembre, au Théâtre du Rond-Point, à Paris. Réservations : 01 44 95 98 21.

Suivront, toujours au Rond Point, les génialissimes spectacle de leurs enfants :
La Veillée des Abysses, de James Thierrée, du 10 au 31 décembre. L’oratorio d’Aurélia, d’Aurélia Thierrée, du 3 au 14 mars 2009.

mercredi 5 novembre 2008

Pierre Perret is a Transformer

Comme disait Madame Mauduit, ma prof de physique, rien ne se perd, tout se transforme. Eh bien figurez vous que c’est ce qui est arrivé à Pierre Perret. Son répertoire que – avouons-le – nous pensions perdu à jamais dans les limbes des années 70 et 80, s’est en effet transformé en une jolie petite opération marketing. Repeignez-moi cette pochette en violet, collez moi un zigouigoui par là, déclinez donc ce packaging en livre-CD jaune illustré, impactez le concept, ciblez la cible multigénérationnelle, et managez moi donc le process… Et hop, Tonton Cristobal débarque sur votre platine MP3, relooké comme si de rien n’était. La compilation est pourtant alléchante : Le zizi, Vaisselle cassée, Les jolies colonies de vacances, La cage aux oiseaux… Mais un conseil : restez dignes, ne succombez pas aux charmes de la nostalgie régressive, si vous voulez garder encore un peu de crédibilité auprès de vos enfants. Sans compter qu’ils pourraient vous en vouloir. A mon humble avis, ces chansons ont mal vieilli et n’ont de charmant que le souvenir que nous en avons gardé. Et mieux vaut rester sur un bon souvenir.

Bienvenue chez Pierrot, livre-CD illustré par Philippe Bertrand, Naïve.
Pierrot chante pour les gamins, CD, Naïve.

mardi 4 novembre 2008

Le FlashPop


Si votre gamin de 5 ans vous réclame un MP3, refilez-lui un FlashPop ! Il sera ravi de poser sur ses petites oreilles ce petit casque jaune et il pourra écouter, selon le modèle choisi : deux récits de Jules Verne (Voyage au centre de la terre et Le tour du monde en 80 jours), une compilation de chansons et d’histoires, ou encore les contes mélangés de Vincent Malone. Et vous, vous aurez de une à deux heures de tranquillité devant vous (et bonne conscience avec ça).

Le FlashPop est vendu exclusivement dans les Fnac Eveil et Jeux, au prix de 25€.

lundi 3 novembre 2008

Comment apprendre à ses parents à aimer les livres pour enfants

Cet album me pose un cas de conscience : à quoi bon chroniquer un livre censé donner le goût des livres pour enfants à des parents qui… 1) n’ont pas le goût des livres pour enfants, et donc ne vont pas l’acheter puisque c’est un livre pour enfants. 2) ont déjà le goût des livres pour enfants et donc ne vont pas l’acheter puisqu’il n’en ont pas besoin…
J’ai longuement réfléchi à l’épineux problème, et, Mesdames et Messieurs, j’en suis arrivée à cette conclusion : ceci est un livre à offrir à des enfants qui ne sont pas les siens, et dont les parents n’aiment pas les livres pour enfants. Certes, vous avez des chances de vous fâcher avec les parents en question, mais vu que ce sont d’horribles analphabètes, ce n’est pas si grave, hein !

Texte malicieux d’Alain Serres, illustrations rigolotes de Bruno Heitz, éd. Rue du Monde, 12,50€.

samedi 1 novembre 2008

Moi et ma bouche

- On t’a jamais appris que ça ne se fait pas de se citer en premier ?
- Hein ?
- Bah oui, on ne dit pas "Moi et ma bouche", on dit "Ma bouche et moi", c’est de la politesse de base, quand même.
- C’est pas MA bouche.
- Ah ouais, elle est à qui ?
- A une fille qui s’appelle Pauline. Une ado.
- Ah si c’est une ado, je comprends mieux… La politesse, le respect tout ça, ils sont imperméables.
- Oui, mais bon, sa bouche, c’est une partie d’elle, c’est elle qui la commande, donc elle peut bien la mettre après « moi ».
- Ce n’est pas une raison valable. C’est pas parce que sa bouche lui appartient qu’elle ne doit pas être respectueuse envers elle. Au contraire même…
- Oui, sauf que là, elle est dans le coma, la fille.
- Aaaaah… ?
- Et d’ailleurs, la bouche en question, elle ne lui obéit même plus. Je ne vois pas pourquoi elle devrait lui faire des salamalecs…
- Elle est fâchée avec sa bouche ?
- C’est à cause du cerveau, il n’arrive plus à donner des ordres à sa bouche, à cause d’un accident de scooter.
- Son cerveau a eu un accident de scooter ?
- En quelque sorte, oui.
- Putain, c’est gore, ton histoire !
- Non pas du tout, c’est même parfois assez drôle. Et puis ça pose plein de questions hyper intéressantes, sur la neurologie et tout ça, les émotions et la mécanique du corps… Tiens, tu sais, toi, pourquoi tes yeux pleurent quand tu ressens de la tristesse ?
- Non.
- En fait, je crois que personne ne sait. Mais ce doit être la même raison pour laquelle tes mains applaudissent quand tu as beaucoup aimé une pièce de théâtre…


Moi et ma bouche, de Denis Lachaud, Actes-Sud Papiers, 10,50€

Ce texte, écrit au départ pour France Culture, a été mis en scène en octobre 2008 par Jean-Philippe Naas, à l’Arche de Béthoncourt (Doubs). La pièce est actuellement en tournée en France. Si elle est à la hauteur du texte, vous pouvez ordonner à vos jambes de vous y emmener.

Pas d’papiers, pas d’livre !

Dans notre joli pays, y a des gens qui pensent que ce n’est pas grave pour des enfants de voir disparaître du jour au lendemain un petit Mamadou, une petite Fatiah ou un turbulent Youri de leur classe. Il y en a d’autres qui ont beaucoup plus de scrupules, puisqu’ils pensent qu’il est très mauvais pour l’épanouissement des mêmes enfants, de lire des livres qui abordent le douloureux sujet des sans-papiers.
Un sympathique président de Conseil général de l’Est de la France a ainsi fait une bonne blague à la lauréate du concours Litteratura, cette année. Selon le règlement de ce concours de littérature jeunesse, la gagnante, désignée par un jury de pros, aurait dû avoir l’honneur de voir son premier album jeunesse publié par le Conseil général. Sauf que le Grand chef du Conseil général en question a avalé son cigare de travers quand il a lu Demain je reviendrai, de Karine Epenoy. Imaginez : l’histoire d’un gars qui fuit son pays en guerre pour rejoindre clandestinement la France, avant de se faire expulser en charter, et qui déclare avant de partir : « Ils n’ont pas voulu de moi, demain je recommencerai. »
On imagine que Grand chef a alors tapé du poing sur son bureau et décroché son téléphone pour annoncer à son directeur de cabinet : influence être mauvaise pour enfants de chez nous, Karine Epenoy être vilaine gauchiste, moi pas publier livre.
La subversive auteure et ses amis gauchistes de RESF ont eu beau rouspéter, rien n’y a fait, le concours Litteratura 2008 n’a pas été attribué ! Qu’à cela ne tienne, Karine Epenoy est allée sonner à la porte de cruels éditeurs, qui n’hésitent pas, eux, à traumatiser des milliers de têtes blondes avec des histoires atroces de sans-papiers.

Et comme je fais, moi aussi, partie des gens vilains qui adorent détraquer le cerveau des petits enfants innocents, je vous propose une sélection de livres récents qui abordent le thème de l’immigration clandestine. Carrément.




L’oiseau de Mona
Mona est une gamine comme il faut, qui fait de la danse classique, qui maudit les maths et qui a une famille aimante. Son seul véritable problème, c’est qu’elle a un oiseau noir qui la suit partout. Parfois petit et discret, il peut devenir gros, pas beau, et menaçant. Ce volatile inquiétant, c’est le lot de tous ceux qui n’ont pas le droit de vivre ici. La seule façon de le faire partir : obtenir des papiers… Sandra Poirot-Cherif raconte avec douceur et poésie le quotidien de ceux qui vivent en sursis. Un album émouvant et très beau, qui choisit le parti de l’espoir.

L’oiseau de Mona, album de Sandra Poirot-Cherif, éd. Rue du Monde, 13,50€.


Moi, Dieu merci, qui vis ici


Dieu Merci a fui son « pays prison », l’Angola, et il dort aujourd’hui, sans papiers, sur les bancs de nos villes, et se sert dans les poubelles. Et puis un jour, cet homme errant sauve la vie d’une vieille femme, ce qui lui permet de trouver une place chez nous, inconfortable, certes, mais sûre. Cette histoire, inspirée de faits réels, donne à voir, de manière percutante, le parcours d’un immigré africain.
Moi, Dieu merci, qui vis ici, album de Thierry Lenain et Olivier Balez, Albin Michel jeunesse, 13,50€.



Pense aux jours heureux


Ludovic se remémore les jours heureux passés auprès de Fatouma, son amie de CM1. Jours insouciants qui prennent fin brutalement, quand la famille de Fatouma tombe dans l’irrégularité administrative et doit vivre cachée. Un court roman (à partir de 8 ans) subtil et instructif.


Pense aux jours heureux, roman de Guy Jimenez, Oskar jeunesse, 4,95€.





L’expulsion

Sous le regard froid d’une caméra de télé venue filmer l’événement, Bintou assiste à l’évacuation de force de l’immeuble où elle vit. La panique, l’égarement, la violence des scènes, la réaction des enfants et du voisinage… rien n’échappe à la caméra, ni à cette gamine, victime d’une expulsion ratée.

L’expulsion, très court roman de Murielle Szac, Thierry Magnier, 5€.




Paroles clandestines

Véritable Bible sur le sujet des étrangers en situation irrégulière en France, cet ouvrage très documenté donne la parole aux clandestins eux-mêmes, avant d’étayer leurs propos avec des informations sur les phénomènes de migrations, les politiques nationales, la réglementation et les conditions de vie de ces populations.

Paroles clandestines, documentaire de Virginie Lydie, Syros, 7,50€.



Et aussi...
Je ne les ai pas lus, mais je sais qu’ils existent :

Pablo de la Courneuve, un roman de Cécile Roumiguière, Le Seuil jeunesse, collection Chapitre.
Même les mangues ont des papiers, d'Yves Pinguilly, éd. Rue du Monde.
Tu peux pas rester là, roman ado de Jean-Paul Nozière, Thierry Magnier.
Collection Français d’ailleurs. Des docu-fictions sur l’histoire de l’immigration en France, pour les enfants de 9 à 13 ans. Editions Autrement. Dernière parution : Adama ou la vie en 3D. Du Mali à Saint-Denis.
Pas d’école pour Fatoumata ?
, roman à partir de 8 ans de Jeanne Failevic, Oskar jeunesse.
Moi, Félix, 10 ans, sans-papiers, roman de Marc Cantin, éd. Milan Poche.