samedi 19 septembre 2009

Sophie Forte – L’interview

Graines de mômes a tendu son antique dictaphone à piles à Sophie Forte, humoriste, comédienne et désormais chanteuse pour petits d’Homme.
Voilà ce qu’il en a retenu (le dictaphone)…

Déprime, chômage et disputes…
"Ce que j’ai envie d’apporter aux enfants, si je puis me permettre d’apporter quelque chose, ce sont des thèmes dont on ne leur parle pas facilement. J’ai remarqué que l’enfant, quand il a un souci, ou si quelque chose l’affecte, il a l’impression qu’il est tout seul à le vivre. Du coup ça prend une ampleur énorme. Un divorce, un moment de déprime, un papa au chômage, les disputes entre les parents, la mort du grand-père, etc., ils ont l’impression d’être un peu exclu à chaque fois qu’ils vivent quelque chose de difficile. L’idée c’est de banaliser les sujets graves."

« Grand-père est mort, c’est affreux »
"Les enfants se sentent concernés parce que ça leur parle. Les parents, ça les soulage, ils sont très contents parce qu’on aborde ces thèmes. Personne n’a jamais été choqué car tout mon art (rires) est de réussir à dire ces choses avec légèreté. Evidemment, je ne vais pas les plomber en leur disant « Grand-père est mort, c’est affreux ». J’essaie de prendre ça avec humour et légèreté."

Le loup dans la forêt…
"Au départ, je ne me suis pas dit j’ai un message à faire passer, c’est ma façon d’écrire. Moi je suis incapable d’écrire l’histoire du loup dans la forêt. Incapable ! Je ne peux même pas essayer, ça ne me vient pas à l’idée ! En revanche, ce qui me vient facilement, ce sont les choses de la vie quotidienne. Ça me parle. J’ai trois gamins, je les vois évoluer, et j’essaie toujours de me mettre à leur place. Et ce qui est extraordinaire, c’est que je me revois penser ce que je pensais quand j’étais petite fille. Ça me fait un bien fou, c’est aussi libérateur pour moi."

« Mais chante-les, tes chansons ! »
"Quand j’ai démarré, j’écrivais pour mes enfants. Je n’avais pas du tout l’intention d’en faire un spectacle. C’est mon attachée de presse qui m’a dit : « Mais chante-les, tes chansons ! Pourquoi les garder juste pour tes enfants ? » Moi je ne voulais pas y aller, parce que j’avais hyper la trouille de chanter devant des enfants."


Comme la vie bascule parfois…
"Ça fait dix ans qu’on travaille ensemble, Antoine [Sahler] et moi. On était célibataires pendant des années, on ne s’intéressait pas du tout aux gamins avant d’en avoir ! C’était pas du tout mon truc, je ne pensais qu’à bosser, à faire la fête… Je me demandais même si j’allais en avoir un jour, parce que je ne me sentais pas attirée par les enfants. Je commençais à avoir 35, 36, 37, 38… et je me disais, tant pis, si je n’en fais pas, c’est la vie, c’est comme ça… Je n’aurais jamais cru me retrouver avec une famille nombreuse. Après, j’ai basculé et dans mon travail aussi par la même occasion. Ça a chamboulé toute ma vie. C’est marrant comme la vie bascule parfois."

Un milieu de galopins
"Pour faire des choses avec les enfants, il faut quelque part être resté enfant. C’est pour ça que ce milieu est intéressant : on y rencontre beaucoup de gens qui sont restés des galopins. Ça ne ressemble pas à ce que je connaissais à la télé ou à la radio, où tout le monde a les dents longues et essaie d’écraser l’autre. Quand on croise des gens qui font des festivals pour enfants, il y a quelque chose de très charmant chez eux, ils ont gardé l’enfance, et j’adore ça !"

(Photos : Hélène Biensa)

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